Championnat de parties rapides de la Francophonie

2° édition

Arvier - Vallée d’Aoste

La seconde édition du championnat de parties rapides de l’AIDEF aura lieu cette année du 31 juillet au 2 août à Arvier dans la vallée d’Aoste, combiné avec l’Open International Grand Paradis qui se déroulera lui du 26 juillet au 1er août.

Arvier est une commune alpine de la Vallée d’Aoste en Italie du Nord à 14 km d’Aoste, 32 Km du Mont Blanc, 122 Km de Genève, 129 Km de Turin, 170 Km d’Aix les Bains et 242 Km de Grenoble.

[*Francophonie en Vallée d’Aoste*]
La langue française et la langue italienne sont sur un pied d’égalité dans la région italienne de la Vallée d’Aoste à tous niveaux et dans tous les domaines, excepté le domaine judiciaire. La Vallée d’Aoste représente le seul régime de bilinguisme d’Italie visant à ne pas créer des communautés linguistiques séparées, grâce à un système d’apprentissage scolaire égalitaire (la même quantité d’heures d’apprentissage est consacrée aux deux langues, le choix de la langue d’enseignement des autres matières est confié à la discrétion du professeur). Chaque Valdôtain est supposé connaître les deux langues, ce qui constitue la réalité, avec des déséquilibres, surtout en faveur de l’italien, sans pourtant que se vérifie jamais une situation de monolinguisme.

Le français est aujourd’hui la langue maternelle d’une minorité réduite de la population valdôtaine. Dans la plus petite des régions italiennes, où se concentrent les plus hauts sommets européens, le français historiquement a toujours occupé une position prédominante par rapport au valdôtain, dialecte du groupe francoprovençal.

Or cette langue française jouissait jadis d’une position très forte, et de nos jours, la région est officiellement bilingue, même s’il s’agit plus d’une affirmation identitaire que d’une réalité. Ce processus est dû sans doute d’une part à l’attachement des Valdôtains à leur patois, et d’autre part aux médias italiens et aux petites dimensions de la région.

De toute façon, le français joue encore un rôle primaire dans l’activité politique (surtout dans les rapports bilatéraux avec les régions limitrophes francophones, entre autres dans le cadre des projets Interreg) et chez les intellectuels valdôtains et dans les milieux culturels en général.

La signalisation routière est presque parfaitement bilingue, avec des déséquilibres parfois en faveur de l’une, parfois de l’autre langue.

Les Valdôtains ont donc aujourd’hui l’italien comme langue maternelle, mais tous connaissent le français au moins au niveau moyen. Pour les autochtones la langue maternelle est le francoprovençal. Pour certaines familles, appartenant surtout à l’élite intellectuelle et politique aostoise, la langue maternelle et de tous les jours est le français.

[*Histoire de la langue française en Vallée d’Aoste*]
C’est à Aoste qu’est rédigé en 1532 le premier acte notarié en français, alors que Paris utilise encore le latin à cette époque. La Vallée d’Aoste fut la première administration au monde qui ait employé la langue française comme langue officielle (1536), trois années avant la France même.

Le français est confirmé comme la langue officielle de la Vallée d’Aoste après la promulgation de l’« Édit de Rivoli » par Emmanuel-Philibert Ier de Savoie le 22 septembre 1561.

« Ayant toujours et de tout tems esté la langue françoise en nostre pais et duché d’Aoste plus commune et generale que point d’aultre et ayant le peuple et sujects dudict pais adverti et accoustumé de parler ladicte langue plus aisement que tout aultre..à cette cause avons voulu par ces présentes dire et déclarer, disons et declarons nostre vouloir estre resolument que audict pais et duché d’Aouste nulle personne quelle qu’elle soit ait à user tant ès procedures et actes de justice que à tout contracts, instruments enquestes et aultres semblables choses, d’aultre langue que françoise à peine de nullité desdicts contracts et procedures... »

Région historiquement francoprovençale (ou arpitane) au sein des États de Savoie puis du royaume de Piémont-Sardaigne, la Vallée d’Aoste ne suivit pas le sort de la Savoie et de Nice, qui furent soumises à plébiscite et annexées à la France en 1860, et resta au sein du nouvel État unitaire italien. Dès lors, la Vallée d’Aoste n’a cessé de lutter contre les attaques faites à sa culture. La période fasciste fut particulièrement violente avec une politique d’« italianisation » systématique.

L’émigration des Valdôtains de souche, notamment vers la France, surtout vers Paris, et vers Genève (où encore aujourd’hui sont présentes des communautés d’immigrés), unie à l’immigration de Vénitiens et de Calabrais soutenue par le régime fasciste et par l’installation de l’industrie sidérurgique Cogne et l’exploitation des mines de Cogne et de charbon à La Thuile, l’interdiction de la langue française et la fermeture des écoles de hameau contribuèrent à bouleverser durablement cette société montagnarde isolée. Tous les toponymes furent italianisés (Morgex en Valdigna d’Aosta, Chamois en Camosio, Champorcher en Campo Laris, etc.). Un projet similaire pour les patronymes fut arrêté avec la libération de l’Italie et la chute du fascisme. Le français étant banni, la population se rabattit sur la pratique orale du francoprovençal, tolérée par les autorités. Le français était enseigné en cachette, dans la plupart des cas par les curés.

En réaction à ces mesures autoritaires, se constitua un courant de résistance culturel, animé par un jeune juriste, Émile Chanoux. Ce dernier, à la tête de la « Ligue valdôtaine pour la protection de la langue française dans la Vallée d’Aoste » mena une action systématique en faveur de la défense du français (voir, par exemple, les Écrits). Des revendications linguistiques bientôt concomitantes à des revendications fédéralistes.

Plaque en souvenir du centenaire de la première réunion de la Ligue Valdôtaine (place Émile Chanoux, à Aoste).
Réfugié en France, Chanoux retourne en Vallée d’Aoste en 1943, participe à la conférence de Chivasso, au cours de laquelle il précise sa vision politique d’une région valdôtaine sous le régime d’une constitution italienne à la suisse. Il est arrêté le 18 mai 1944 par les autorités fascistes et meurt dans la nuit.

Sensible à la question linguistique, Charles de Gaulle avait envisagé un moment l’annexion de la Vallée d’Aoste à la France, encouragé en cela par un courant favorable au rattachement à la France important parmi les Valdôtains, qui accueillirent le Général français à Aoste. Cependant, l’opposition farouche des Américains, doublé par les difficultés saisonnières de passage entre la France et la vallée (les tunnels n’existant pas, la communication auraient été exclue pendant au moins 4 mois par an), conduisirent à l’abandon de ce projet. De Gaulle obtint cependant l’assurance d’un régime d’autonomie pour la vallée.

L’après-guerre a permis un retour officiel du français avec le statut d’autonomie. Les années 1960 et 1970 avec le développement industriel et touristique ont accéléré la modernisation de la région.

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Posté le 14 juin 2015 par Patrick Van Hoolandt